Poulenc - Stabat Mater
Mozart - Messe du Couronnement
Jeudi 16 et dimanche 19 mars 2023
Eglise Saint Jean de Montmartre - Paris XVIIIème
Chœurs Phronesis et Elisabeth Brasseur
Orchestre Coruscant
Soprano soliste : Alexandra Gouton
Direction : Sophie Boucheron et Antoine Sebillotte
Stabat Mater de Francis Poulenc
Messe du Couronnement de Wolfgang Amadeus Mozart
Kyrie - Gloria - Credo - Sanctus - Benedictus - Agnus Dei
Jeudi 16 mars 2023, 20h30
Dimanche 19 mars 2023, 16h00
Eglise Saint Jean de Montmartre
19 rue des Abbesses, 75018 Paris
Métro Abbesses (ligne 12)
Cliquez ici pour accéder à la billetterie en ligne
Tarifs :
1ère catégorie : 35€
2ème catégorie : 25€
Tarif faible visibilité : 5€
Enfant moins de 12 ans : gratuit
Francis Poulenc (1899-1963) fut très tôt initié à la musique par sa mère qui, dès l’âge de 5 ans, l’a mis au piano et lui a fait travailler Mozart, Schubert et Chopin ainsi que les romances à la mode.
Sans être passé par le conservatoire, Poulenc étudie le piano avec le célèbre Ricardo Viñes, grâec auquel il rencontre Erik Satie, futur inspirateur avec Cocteau du Groupe des Six.
Après la mort de ses parents en 1917 il vit chez sa sœur, à Paris où il découvre le milieu intellectuel et littéraire parisien. Il fréquente, en particulier, la librairie: d’Adrienne Monnier, rue de l’Odéon, où il fera la connaissance d’Aragon, Breton, Eluard, Apollinaire, Claudel, Gide, Paul Valéry et de tant d’autres.
Depuis ses études classiques au Lycée Condorcet jusqu’à ses premières années de succès en tant que compositeur, il s’aventure seul dans les œuvres de Debussy, Schubert et Stravinsky, se plonge dans les grands traités de composition, puis perfectionne sa technique de l’écriture chorale et du contrepoint auprès de Charles Koechlin (élève de Gabriel Fauré).
De son intérêt pour les poètes et les peintres de son temps et de son sens aigu de la prosodie naîtront plus tard nombre d’œuvres à partir principalement des textes d’Apollinaire (les Mamelles de Tirésias, 1947) et d’Eluard (le Travail du Peintre, 1956), mais aussi de Max Jacob (Quatre et Cinq poèmes, 1922, 1931), Cocteau (la Voix humaine, 1959), Bernanos (le Dialogue des Carmélites, 1957).
« Je surveille chaque note, fais attention aux bonnes voyelles sur les sons aigus [...] je crois qu’on comprendra tout », écrit-il au baryton Pierre Bernac pendant la composition du Dialogue des Carmélites.
Il prend part au collectif de composition du Groupe des Six (1916-1923), d’où ne sortiront que deux œuvres, Le Gendarme Incompris puis Les Mariés de La Tour Eiffel qui connaissent un franc succès dans les théâtres parisiens.
En 1926, le compositeur donne en concert un cycle de huit chansons paillardes interprétées par Paul Bernac. Les Chansons Gaillardes ouvrent la voie à une collaboration de longue haleine avec le chanteur pour qui il compose près de 90 mélodies.
Cette légèreté fera place à des œuvres plus sérieuses inspirées de sa foi catholique revenue après la perte d’amis proches depuis les années 1930, et un pèlerinage sur les terres de
Rocamadour en 1936. Dès lors, de nouveaux sujets s’ajoutent à sa liste d’inspirations : la religion mais aussi l’angoisse, la mélancolie et la mort. Les œuvres, qui en ressortent, ne seront pourtant pas dénuées d’expressions où perce la joie. Et des notes d’humour.
Le Stabat Mater a été créé en 1950 par Francis Poulenc en hommage à son ami peintre, décorateur et illustrateur Christian Bérard. Donné la première fois le 13 juin 1951 au Festival de Strasbourg sous la direction de Fritz Munch, avec la soprano Geneviève Moizan. Le texte en latin est attribué au franciscain Jacopone da Todi (1230-1306).
Dans une série d'entretiens réalisés en 1953 avec Claude Rostand, Poulenc confirme son intention dans la composition de l'œuvre. Plutôt qu’un requiem qui lui paraissait trop pompeux, il écrit ce motet en forme de prière intercessionnelle, sur ce texte bouleversant du Stabat maintes fois mis en musique.
En plein travail, il écrit à une amie
[...] Comme l’a très bien dit Claude [Rostand] et comme tu l’as finement noté, il y aura toujours en moi du moine et du voyou. Maintenant j’ai repassé ma robe de bure et suis en plein Stabat (comme un poisson dans l’eau). Tu sais d’ailleurs que je suis aussi sincère dans ma foi sans hurlements messianiques que dans ma sexualité parisienne. Le problème de la personnalité ne se pose jamais pour moi.
Mon ton musical est spontané et en tout cas je pense bien personnel. […]
Laissons parler Jean-Marc Onkelinx dans son blog
« Ce Stabat Mater est atypique mais ô combien puissant. Il ne s’agit pas ici de donner une vision théologique d’un texte. Il est seulement ressenti.
Composées pour un effectif important de soprano solo, chœur mixte et orchestre, les douze pièces forment un ensemble extrêmement homogène. Poulenc avait beau dire que sa musique naît spontanément, l’œuvre est magnifiquement construite et témoigne d’une maîtrise exceptionnelle. « Le sens de la musique polyphonique est chez moi vraisemblablement inné ».
Loin des dogmes, sa musique va droit au but. Provocante et humoristique, elle est aussi grave et austère. Son « Stabat » est tout simplement humain ]néanmoins empreint de spiritualité[ et magnifique. Il exprime cette émotion qui connaît la souffrance dans ce qu’elle a d’intérieur et de plus profond. Tout y est ; couleur orchestrale, polyphonie à l’ancienne, modernisme des dissonances expressives, rhétorique du mot, visions du temps extérieur et intérieur ».
Quant à la voix de la soprano, c’est la voix de la mère qui répand l’amour universel, chant déchirant s’élevant au-dessus d’une assemblée qui fait vibrer chaque parole. Une certaine vision de la grâce.
Débuté comme une oraison funèbre, le Stabat s’épanouit lentement vers la lumière.
Mozart était le compositeur préféré de Poulenc, aussi comprendra-t-on le choix de la Messe du Couronnement de ce dernier en seconde partie.
Mireille Grizzo, alto
Sources :
- https://www.olyrix.com/
- l’émission de Radio France : Francis Poulenc : 10 (petites) choses que vous ne savez (peut-être) pas sur le compositeur /Par Nathalie Moller, 19 janvier 2018
- La tribune des critiques de disques, France Musique septembre 2020 et août 2022
- https://jmomusique.blog/2008/03/21/stabat-mater-dolorosa/ Blog de Jean-Marc Onkelinx, 21 mars 2008
Si vous voulez en savoir plus sur les tonalités de Francis Poulenc, vous pourrez vous plonger dans la lecture de la thèse de Dominique Arbey, 2011, Francis Poulenc et la musique populaire.
Bergheim est une petite cité, à quelques kilomètres au nord de Salzbourg. Sur une colline, au-dessus de la cité, se dresse l’église de Maria-Plain qui est depuis des siècles le lieu d’une dévotion particulière et de pèlerinage. Les pélerinages ont commencé dès qu’en 1652 Rudolf von Grimming installa dans le parc de son château un kiosque en bois pour abriter un tableau de Marie avec l’enfant Jésus (d’un peintre anonyme), tableau qui échappa par miracle à l’incendie de Regen en Bavière. Progressivement le kiosque fut remplacé par une chapelle, puis par une église de style baroque à laquelle s’ajoute un monastère bénédictin (en 1676). Les fidèles de Salzbourg attribuèrent le salut de la ville pendant la guerre de succession (1740-1748) à la protection miraculeuse de Marie.
Le couronnement de la Vierge est un des thèmes de l’iconographie chrétienne où Marie est couronnée dans les cieux par son fils. Le thème, présent à partir du Moyen Âge, ne fait pas partie du dogme officiel de l’Église. Absent des Écritures il est évoqué dans certains textes apocryphes.
Leopold Mozart et sa femme, Anna Maria Walburga, avaient donné naissance à sept enfants, dont deux seulement ont atteint l’âge adulte. Les parents, en bons catholiques, ont fait dire des messes pour le salut de leurs enfants défunts. Et Leopold, Anna-Maria, Wolfgang et Nannerl ont fait de nombreux pélerinages au sanctuaire de Maria-Plain, comme tant d’autres salzbourgeois.
Composée au printemps 1779 et jouée à Pâques de la même année, la Messe en ut majeur KV 317 était destinée à la commémoration annuelle du « couronnement » de la Vierge de l’église de Maria-Plain. C’est plus tard qu’elle fut nommée « Messe du Couronnement » : quand elle fut jouée à Prague en août 1791, à l’occasion du couronnement de Léopold Ier de Bohême, puis en 1792 pour le couronnement de François de Bohême, futur empereur d'Autriche.
Sur une commande du prince-archevêque de Salzbourg, Colloredo, Mozart âgé de 23 ans compose une œuvre riche et flamboyante alors qu’il traverse une période de crise et de déception. Après avoir parcouru l’Europe pendant un an, il rentre à Salzbourg, sans avoir trouvé la gloire et les honneurs qu’il espérait, en particulier à Paris où il a perdu sa mère et a été quelque peu boudé. Sur l’ordre de son père, et aussi en raison de soucis financiers, il reprend, à contre-cœur, sa place de Konzertmeister auprès du prince-archevèque Colleredo qu’il n’apprécie pas et qu’il avait quitté avec fracas.
La messe est écrite pour 4 voix solistes, un chœur mixte, 2 hautbois, 2 bassons, 2 cors, 2 trompettes, 3 trombones, des timbales, un orgue et des cordes. Comme le voulait l’archevêque, il s’agit d’une « messe brève », appuyée sur des textes concis. En dépit de la durée limitée de l’oeuvre, Mozart parvient à exprimer la force d’une foi sincère.
La Messe en ut majeur occupe, avec le Requiem une place particulière parmi les œuvres sacrées de Mozart. Elle rencontre toujours le même succès qu’au temps de sa création. Elle est, comme La Flûte Enchantée, une œuvre populaire, apparemment simple, mais qui se révèle complexe si on l’approfondit. La masse sonore et brillante de l’orchestre et du choeur contraste avec l’écriture raffinée des parties solistes, en particulier dans le Benedictus et l’Agnus Dei dont la ligne mélodique préfigure le « Dove sono » de la Comtesse des Noces de Figaro. L’émotion que suscite en nous l’œuvre naît précisément de l’alliance entre puissance et sensibilité.
Bernadette Madeuf, Soprano
Sources : https://www.bergheim-tourismus.at, https://www.mariaplain.at/gnadenbild/